Les pirates somaliens

La Somalie, un pays sans gouvernement

1/ La colonisation de la somalie

Avant d’expliquer le phénomène de piraterie qui sévit sur les cotes Somalienne, il est important de faire un petit retour en arrière afin de mieux comprendre la situation.

La Somalie fut pendant longtemps une colonie anglaise et italienne. En effet, à l’ouverture du canal de Suez (1869) qui permet de transiter d’Europe en Inde sans avoir à contourner l’Afrique, la Somalie devient un endroit stratégique. L’Angleterre s’empare du Somaliland et l’Italie du Puntland et de la Somalia (voir carte). En 1949 l’ONU accorde l’indépendance de la Somalie italienne sous tutelle de l’ONU pour une durée de 10 ans. Puis en accord avec les déclarations de 1949, la Somalie accède à l’indépendance le 1er juillet 1960 et fusionne peu à peu avec l’ancien protectorat

carte somalie colonisée

britannique (Somaliland). Comme souvent, la décolonisation du pays engendra des luttes de pouvoirs. En 1969, le général Muhammad Siyad Barre pris le pouvoir par la force et proclama la république démocratique du pays. Barre avait pour objectif de réunir les « cinq branches de la Somalie » ce qui impliquait de récupérer Djibouti alors colonie française, et l’Ogaden dévolue à l’Ethiopie En 1977, les somaliens vivants en Ogaden entrèrent en lutte contre l’Ethiopie pour le rattachement de leur région à la Somalie. Le général Barre fut au début soutenu par l’URSS ce qui lui permit de conquérir une bonne partie de l’Ogaden mais en 1978, l’URSS retourna sa veste pour soutenir l’Ethiopie qui récupéra l’Ogaden. Les combats qui en découlèrent provoquèrent l’exode de 2 millions de Somalien vers la Somalie. Les combats entre l’Ethiopie et la Somalie continuèrent jusqu’en 1988, date à laquelle un traité de paix fut signé.

Malgré la signature du traité de paix, le Mouvement National Somalien opérant dans l’ancien Somaliland britannique ne désarma pas et repris le contrôle d’une partie du nord de la Somalie. Il s’ensuivit de terribles représailles de la part du gouvernement en place qui détruisit pratiquement Hargeysa. Par la suite, vers 1980, de nombreux mouvements d’oppositions virent le jour, soutenus par des clans différents. Cette lutte de clans pour le pouvoir entraina la Somalie vers la guerre civile. Le général Barre s’enfuit de la capitale en 1991 laissant le pays dans le chaos social. Barre fut remplacé par Ali Mahdi Mohamed Farah Aïdid. Pendant des années, les Seigneurs de la guerre et le «président par intérim» ( Ali Mahdi), se sont livrés une guerre atroce pour des bouts de terrain. Mogadiscio est bombardée, détruite. Les campagnes et les petites villes sont ravagées par une famine inouïe. Pendant les deux années qui suivirent (1991-1992), 50 000 personnes trouvèrent la mort lors de violents combats entre les différents clans. Cette guerre des clans entraina également une rupture des lignes d’approvisionnement. En tout ce sont plus de. 300 000 personnes qui moururent de faim.

2/ L'opération "restore hope"


soldats américains en somalie

Soldat us en Somalie

En 1992, Bush (père) lance l’opération restore hope avec l’appui de l’ONUSOM (force internationale de maintient de la paix des Nations Unies) censée ramener l’ordre et la paix en Somalie. En réalité sous couvert d’une mission humanitaire, le déploiement des 30 000 soldats, hélicoptères et navire de guerre déployés par les américains dans le cadre de l’opération « restore hope » a pour but de prendre le contrôle du pays et de consolider les acquis américains au Moyen Orient gagnés lors de la guerre du golf. Cette opération fut très mal vécue par les somaliens qui culturellement n’acceptent pas que d’autres pays s’immiscent dans les affaires du pays. Par ailleurs le comportement violent de certains casques bleus à l’égard de la population somalienne ne fit qu’empirer la situation. Face aux lourdes pertes aussi bien humaines, civiles qu’internationales (on se souvient tous des images du lynchage des soldats américains qui firent le tour du monde), les américains puis les français se retirèrent. Les derniers casques bleus quittèrent le pays en mars 1995. Malgré l’échec de l’opération l’intérêt de la Somalie vis-à-vis des pays étrangers ne fit qu’augmenter notamment lors de la découverte de nombreuses ressources : bauxite, cuivre, gaz naturel, pétrole, uranium.